#1. BIEN FAIRE VIEILLIR SES PRAIRIES, C’EST POSSIBLE.
L’observatoire dynamique du projet PERPET (80 parcelles suivies pendant 4 ans) montre que des prairies du Grand Ouest produisent en moyenne 7 t MS valorisées/ha/an en réalisant 5 cycles de pâturage en moyenne et qui durent 4 jours.
25% des prairies suivies ont eu un rendement annuel valorisé supérieur à 8,7 tMS/ha. Les 10% les plus productives ont eu un rendement valorisé supérieur à 10 tMS/ha, et ce, plus de 6 ans après leur implantation. Pour obtenir ces niveaux d’herbe valorisée, il faut mener un pâturage sévère voire très sévère (parcelle rasée à parcelle grattée) et attendre en moyenne 35 jours de repousse entre avril et juin et 48 jours entre juillet et septembre.
De l’herbe peut être valorisée tout au long de l’année si les pratiques de pâturage sont adaptées aux conditions climatiques.
#2. LA PROTÉINE EST DANS LE PRÉ.
En moyenne les prairies ont produit un fourrage de qualité équilibré qui se situe en moyenne à 145 g MAT/kg MS.
La légumineuse permet d’avoir plus de MAT : 10 % de légumineuse en plus se traduit par 350 kg de MS/ha et 12 g de MAT/kg MS en plus. Cet effet “protéine” est actif dès 20 % de légumineuses dans le couvert prairial.
#3. QUAND LES PRAIRIES VIEILLISSENT, ELLES PRODUISENT TOUJOURS LA MÊME QUANTITÉ DE PROTÉINES
Et ce au moins jusqu’à 9 ans). Après avoir analysé des centaines de données, nous avons constaté en moyenne une stabilité de la MAT pendant le vieillissement des prairies (analyse faite sur des prairies de 2 à 9 ans).
#4. L’ÉVOLUTION D’UNE PRAIRIE, C’EST MULTIFACTORIEL
Complexe, mais on peut identifier les principaux déterminants :
- les facteurs favorables concernant la production valorisée d’une prairie sont l’humidité, la fertilisation et des pratiques de pâturage sévères ;
- la sévérité du pâturage au printemps et à l’automne, et des sols à problème sont les facteurs principaux qui augmentent le taux de graminées ;
- l’humidité, un premier pâturage précoce avec des pratiques de pâturage équilibré favorisent le taux de légumineuses ;
- le taux des diverses augmente dans les zones plus sèches quand il y a une sévérité du pâturage en été. Les sols peu profonds et les pluies d’automne et d’hiver peuvent aussi contribuer au développement des diverses.
#5. LES PRAIRIES SONT ROBUSTES.
Elles peuvent encaisser 100% de pâturage, pâturage estival sévère, pâturage hivernal), mais avec quelques points de vigilance : pression de pâturage, temps de retour, portance.
#6. LES PRAIRIES SONT D’AUTANT PLUS ROBUSTES QU’ELLES SONT VIEILLES.
La diversité d’espèces et la densité racinaire leur permettent de mieux résister aux aléas climatiques.
#7. LA FLORE SE DIVERSIFIE, LE FOND PRAIRIAL S’ÉQUILIBRE
Au bout de 3 ans après le semis, le nombre d’espèces présentes était multiplié par 2 au minimum. De nouvelles graminées peuvent apparaître comme le pâturin et aussi différentes diverses plus ou moins bonnes pour les animaux. Le fonds prairial se simplifierait pour les prairies semées en multi-espèces.
#8. LA FÉTUQUE ÉLEVÉE À FEUILLE SOUPLE CONTRIBUE À LA PÉRENNITÉ EN SITUATION SÉCHANTE.
Dans les zones moins pluvieuses du Grand Ouest, le ray-grass anglais aurait tendance à régresser au profit de la fétuque élevée si cette dernière est présente significativement les premières années. Elle arriverait à limiter le développement des diverses et des graminées spontanées (pâturin, agrostis stolonifère…).
#9. CHANGER SES CRITÈRES DE RETOURNEMENT.
Les légumineuses sont bien le moteur azoté (+10% lég => +350 kg MS/ha et + 12g MAT/kg MS), mais ça fonctionne déjà pleinement à 15-20%. Les “diverses” abaissent la valeur pastorale des prairies, mais les animaux s’en accommodent bien. Les graminées constituent une gamme d’espèces qui peuvent s’adapter à des contextes difficiles et se substituer entre elles. On sait ce que l’on casse, on n’est pas certain de ce dans quoi on investit. Donc avant de casser…
#10. TROUVER UNE (NOUVELLE) FONCTION À CHAQUE PRAIRIE DANS LE SYSTÈME FOURRAGER.
De nombreuses fonctions fourragères sont nécessaires pour assurer une chaîne de pâturage et l’alimentation du troupeau. Une prairie peut changer de fonction au cours de sa vie, passer de prairie exclusivement pâturée à prairie souvent plus fauchée, voire devenir une “prairie pharmacie”. La bonne prairie est celle qui s’acquitte de la fonction qu’on en attend… et on peut changer ses attentes !
Un article issu de la Lettre de l’Agriculture Durable n°93
Rédigé par David Falaise et Romain Dieulot, Réseau Civam.
Pour aller plus loin :