37 départements étaient déjà concernés par des arrêtés limitant les usages de l’eau selon le site gouvernemental Propluvia au 14 juin, tandis que l’Organisation météorologique mondiale (OMM) alertait dans ses derniers bulletins sur de nouvelles températures records probables avec la survenue d’El Niño . Des tendances qui confirment l’urgence à adopter une agriculture plus vertueuse et moins gourmande en ressources naturelles, et qui soulignent la nécessité pour les agriculteurs d’adapter leurs pratiques face au changement climatique,.
Les Civam (Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural) sont des groupes d’agriculteurs et de ruraux qui travaillent de manière collective à la transition agro-écologique. En lien avec le monde de la recherche et de l’enseignement ( INRAe, Idele,… ) et autres partenaires, ils œuvrent à la rencontre des savoirs paysans et scientifiques. Au travers d’expérimentations sur leurs fermes, d’échanges de pratiques et du partage de leurs résultats et analyses, les paysans chercheurs Civam, sont vecteurs de transformations concrètes sur le terrain.
Agroforesterie & maraîchage en PACA
Nicolas dans son verger-maraicher dans le Vaucluse
L’arbre et la haie sont des éléments essentiels pour répondre aux enjeux du changement climatique. En région PACA, les agriculteurs et agricultrices des Civam travaillent depuis 10 ans sur l’agroforesterie. Il expérimentent sur leurs fermes différents types d’association de cultures avec l’arbre et partagent leurs résultats. Des pommes de terres jusqu’aux céréales, les fermes Civam vérifient l’intérêt de miser sur la complémentarité entre les arbres et d’autres cultures.
« En Provence, le mistral souffle plus de 100 jours par an et la saison estivale est de plus en plus chaude et sèche. Sur ma ferme, les cultures maraîchères poussent à l’abri des arbres qui limitent les dégâts ! En plus de limiter l’impact d’un climat difficile, c’est aussi un précieux atout pour préserver la fertilité du sol. L’arbre est un pilier de la biodiversité fonctionnelle ! »
Nicolas Verzotti, Maraîcher à Le Thor, Vaucluse
Adaptation des cultures au changement climatique & semences paysannes en Nouvelle Aquitaine
Diversifier les champs avec des céréales à paille qui n’ont pas besoin d’eau l’été, c’est le pari que font les paysans du Civam ALPAD dans les Landes. Plusieurs expérimentations ont été lancées en 2022 avec différentes variétés de seigle, d’épeautre et de blés pour voir lesquelles sont les plus adaptées au contexte local.
Des travaux de recherche sur les variétés de semences dites “paysannes”, plus rustiques et résistantes aux aléas qui sont également conduits en Poitou Charentes . Mais les agriculteurs de Nouvelle Aquitaine se lancent aussi dans de nouvelles cultures, permettant une diversification sur la ferme, avec entre autres la culture du chanvre en Limousin.
« Le chanvre a de nombreux atouts, elle permet de structurer le sol et de diminuer le travail mécanique car c’est une plante couvrante. En plus, c’est une plante qui a peu besoin d’eau, et donc résistante à la sécheresse.» Geoffrey Broussouloux, paysan dans le Limousin
Viticulture en Occitanie
Cépages résistants, enherbement des vignes et expérimentations pour renforcer la capacité du sol à conserver l’eau… Dans les Pyrénées Orientales, les Civam expérimentent depuis près de 10 ans pour faire face à l’accroissement des températures.
« Plutôt que de gérer l’eau, nous évitons de l’utiliser ! Pour cela nous compostons les sols, nous semons des engrais verts en automne, broyés en juin quand la chaleur arrive. Nous augmentons ainsi la capacité de rétention en eau de nos sols. Nous plantons de vieux cépages occitans, tombés dans l’oubli pour de multiples raisons comme le Piquepoul noir, tardif et qui maintenant se récolte en septembre. Il fait un vin fruité, frais et tout en finesse et délicatesse.» Françoise Frissant Le Calvez Château Coupe-Roses Minervois La Caunette
Élevage et pâturage dans le Grand Ouest
Les chèvres pâturent des feuilles de murier blanc en Maine et Loire
Les épisodes de sécheresse impactent la pousse de l’herbe. Or c’est l’alimentation principale des animaux élevés par les agriculteurs Civam en systèmes dits “pâturants” où l’animal récolte lui-même sa nourriture en broutant à l’extérieur, en comparaison de systèmes plus conventionnels et industriels où des compléments (maïs, soja.. ) sont apportés aux bêtes en bâtiment. Face aux nouvelles donnes climatiques, les éleveurs Civam trouvent des solutions d’adaptation ponctuelles mais engagent également des modifications plus profondes (taille de leur troupeau, changements dans les espèces plantées sur leurs prairies, réorganisation du pâturage ou des milieux pâturés… )
“Le réchauffement c limatique et ses multiples conséquences induit un lien plus fort entre animal et végétal. Cela renforce, par exemple, la place de l’arbre et des haies bocagères. la synergie agro-sylvo-pastoralisme offre des perspectives inspirantes et climato-compatibles avec le maintien d’un élevage émettant peu de gaz à effets de serre” Mickaël LEPAGE – éleveur laitier en Mayenne
En Loire-Atlantique ou en Normandie, les éleveurs et éleveuses Civam, après des années d’expérimentations positives et forts de pratiques historiques, utilisent le feuillage des arbres et arbustes plantés sur leur ferme pour alimenter leurs animaux. Ces arbres dits “fourragers” ( frêne, mûrier blanc,.. ) constituent ainsi des ressources alimentaires disponibles même en plein été.
S’adapter au changement climatique… mais également défendre des modèles agricole durables
Pour les agricultrices et agriculteurs Civam, il ne s’agit pas uniquement d’adapter leurs fermes aux impacts du changement climatique. Il s’agit surtout d’y contribuer le moins possible, en adoptant des pratiques agricoles durables sur leurs fermes pour les rendre plus économes en intrants et en ressources naturelles.
Alors que se déroulent les concertations politiques autour de la future loi d’orientation et d’avenir agricole, le réseau des Civam, fort d’un maillage de 130 associations sur le territoire, s’inscrit dans une démarche participative pour faire des propositions solides, éclairées par son expertise de terrain
“Nous mutualisons nos réflexions pour développer l’agriculture durable que nous voulons pour demain, éviter de tomber dans le piège du solutionnisme technologique ou productiviste et pour définir les politiques agricoles à défendre pour qu’elles soient adaptées à ces enjeux“ Aurélien Leray, Paysan et président Réseau CIVAM
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Pour aller plus loin sur les adaptations possible au changement climatique
Contacts presse
Aurore PUEL – aurore.puel@civam.org – 06 41 03 31 35
A propos des CIVAM
Les CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) sont des groupes d’agriculteurs, d’agricultrices et d’acteurs du monde rural qui travaillent de manière collective à la transition agro-écologique. Les Civam constituent un réseau de près de 130 associations et qui œuvrent depuis 60 ans pour des campagnes vivantes. www.civam.org