En 10 ans, le nombre de personnes ayant recours aux banques alimentaires a triplé. Pour Réseau CIVAM c’est inacceptable. L’organisme de développement agricole et rural rappelle que l’aide alimentaire, pensée initialement comme temporaire, doit rester cantonnée à l’urgence et ne peut devenir une filière d’alimentation à part entière pour un public toujours plus important.
“L’urgence est là, il est absolument nécessaire d’y répondre. A très court terme, l’appel des Restos du Cœur doit être entendu. Néanmoins, à long terme, financer perpétuellement l’aide alimentaire ne résoudra rien. Courir après les conséquences, c’est oublier les causes. Attendons-nous d’avoir 10 ou 15 millions de Français à l’aide alimentaire pour avoir enfin une action publique à la hauteur ?”
Nicolas Verzotti, maraîcher et vice président Réseau Civam
Au-delà de l’aide alimentaire, c’est une part toujours plus importante de la population qui est en incapacité de choisir sereinement son alimentation. Selon le dernier baromètre du Credoc, 61% des Français étaient en novembre 2022 en situation d’alimentation contrainte*.
S’attaquer aux causes structurelles du non-accès à l’alimentation.
Face à cette situation, Réseau CIVAM souligne la nécessité de prendre à bras le corps les racines du problème en travaillant à l’éradication des causes de la précarité alimentaire. Le réseau agricole et rural appelle le gouvernement a amplifier son action de lutte contre la précarité alimentaire et à travailler à lever les causes structurelles du non-accès à une alimentation durable et de qualité :
- Lever le frein financier d’accès à une alimentation de qualité sans pour autant que cela se traduise par une course sans issue à l’alimentation low cost.
- Lever le frein de la disponibilité. Il ne peut y avoir d’alimentation durable et de qualité sans une production qui soit elle-même durable et de qualité. Autrement dit, pouvoir toutes et tous manger durablement suppose de produire durablement et nécessite pour cela des paysans et paysannes nombreux et soutenus.
- Lever le frein de l’accessibilité physique à une alimentation de qualité. La lutte contre les déserts et bourbiers alimentaires** doit être une priorité en particulier dans les territoires où se concentrent les populations les plus pauvres. Une attention particulière doit également être accordée aux territoires ruraux où les hausses des prix de l’énergie surenchérissent le coût des déplacements et réduisent l’accessibilité physique aux points de distribution.
En cours de définition, les prochains textes budgétaires mais aussi la future Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC) et le pacte et la loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOAA) doivent se montrer à la hauteur de ces enjeux et faire de l’accès de toutes et tous à une alimentation choisie en connaissance de cause une priorité.
Dans les CIVAM et ailleurs, donner le moyen d’expérimenter des solutions.
Devant l’impasse dans laquelle se retrouve l’aide alimentaire, Réseau CIVAM appelle également les pouvoirs publics à soutenir les expérimentations et dispositifs permettant de dépasser cette dernière. Le réseau propose par exemple :
- L’orientation des fonds du programme Mieux Manger pour Tous lancé par le Ministère des Solidarités vers des projets permettant de construire de nouvelles solidarités alimentaires.
- Un meilleur soutien des projets inspirés de la proposition de Sécurité sociale de l’alimentation (SSA), dont l’expérimentation à été recommandée par le Conseil national de l’alimentation.
Face à l’urgence alimentaire, l’engagement des CIVAM sur le terrain en faveur d’un accès de toutes et tous à une alimentation choisie ne faiblit pas. Avec de nombreux partenaires, ces derniers innovent, inventent de nouvelles solidarités alimentaires et permettent de créer des liens entre paysans et mangeurs.
- A Montpellier, la FR CIVAM Occitanie travaille avec un comité citoyen à la mise en place d’une caisse commune de l’alimentation.
- Dans le Gard, le projet Qualim’atous permet à de nombreuses familles d’avoir accès à des produits frais et à des activités autour de l’alimentation durable.
- Dans le Finistère, précaires et paysans se retrouvent et mettent des mots sur leur vécu et leur situation alimentaire avec des ateliers théâtres.
- En Ardèche, sont mis en place des bons permettant de rendre librement accessibles aux résidents d’un foyer d’accueil d’urgence les produits d’une boutique paysanne.
“Plus que de répondre à l’urgence, ces projets – comme beaucoup d‘autres – visent, à leur échelle, à progresser vers une démocratie alimentaire. Il convient de donner à ce genre d’initiatives les moyens de leur développement et de leur multiplication.”
Nicolas Verzotti, maraîcher et vice président Réseau Civam
* CREDOC, Consommation et modes de vie, “En forte hausse, la précarité alimentaire s’ajoute à d’autres fragilités”, N°329 • ISSN 0295-9976 • mai 2023, Marianne Bléhaut, Mathilde Gressier
** Les bourbiers alimentaires font référence à des quartiers dans lesquels une offre alimentaire « saine » existe mais est noyée au milieu de l’offre d’aliments et de boissons à forte densité calorifique (voir Simon Vonthron).
Contacts presse
Aurore PUEL – communication – aurore.puel @ civam.org – 06 41 03 31 35
Clément COULET – Coordinateur Alimentation Réseau Civam : clement.coulet @ civam.org / 06.28.38.06.18
A propos des CIVAM
Les CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) sont des groupes d’agriculteurs, d’agricultrices et d’acteurs du monde rural qui travaillent de manière collective à la transition agro-écologique. Les Civam constituent un réseau de près de 130 associations et qui œuvrent depuis 60 ans pour des campagnes vivantes. www.civam.org