« Mais alors on y va quand ? », demande Antoine, éleveur laitier normand. Il n’est pas le seul à se poser la question et les réponses de ceux qui pratiquent déjà fusent : « J’y vais quand je vois de l’herbe, quand on ne voit plus les bouses et qu’il y a au moins 24h de repas » répond Aurélien, éleveur laitier à Corps- Nuds (35). Sébastien de la Sarthe ajoute « Je ne remets pas trop vite à l’herbe à l’automne pour accumuler un peu d’herbe pour l’hiver ». Si les craintes d’empiéter sur la pousse de printemps ou de ne plus pouvoir faire du stock sur pied l’été sont évoquées, d’autres aspects positifs sont soulignés « ça permet de nettoyer l’herbe d’automne pas très belle ». Cela peut permettre également d’écrêter le pic de pousse au printemps et d’anticiper les
surplus. Peut-on alors remplacer des tMS d’herbe stockée au printemps par des tMS d’herbe pâturée l’hiver, avec les gains qui en découlent ?
Comme bien souvent une des clés réside dans l’observation et dans l’attente que nous avons de telle ou telle prairie dans notre système. Il est enfin non négligeable d’avoir des chemins d’accès en très bon état.
Une technique venue d’Amérique du nord : le bale grazing
L’après-midi les participants ont pu découvrir la ferme de David Tregarth, éleveur de Salers et de brebis, qui a fait le choix d’un système 100% herbe, 100% plein air, avec 2 conduites de pâturage :
- Un pâturage ultra-dynamique, avec un gros chargement sur un temps court, pour les mères avec leurs veaux. Grâce à deux petits boîtiers électriques programmés, le fil avant se lève, même si l’éleveur n’est pas là ! Les vaches et veaux changent ainsi de paddock 2 à 4 fois par jour.
- Un pâturage tournant pour les génisses de renouvellement : 1 à 2 jours par paddock.
Le 27 janvier, les animaux étaient tous dehors, nourris principalement au pâturage, avec un complément de foin directement déroulé dans la prairie. C’est la pratique du bale grazing. Ce système permet à David d’avoir un coût alimentaire vraiment minime : 63€/UGB.
Des questions en suspens
« Les 2 mois de repos hivernal ne se reportent-ils pas sur l’été ? », « Quelles espèces végétales sont les mieux adaptées ? », « Qu’en est-il au sud de la Loire ? », « Faut-il dans ce cas grouper les vêlages à l’automne ? Pâturer l’hiver et fermer la salle de traite l’été ? »
Nous avons encore besoin de données technico-économiques concrètes sur le pâturage hivernal et tous les échanges nous ont montré le besoin de traiter la question : comment trouver du plaisir à travailler plus en hiver ? A l’ADAGE, il est déjà prévu de continuer sur le sujet et un appel est fait aux groupes pour qu’ils s’emparent également de la question. Une chose en tout cas est certaine et tous les participants l’ont confirmé : « le pâturage c’est pas terminé ! ».
La ferme de David en bref
SURFACES ET PRODUCTIONS
84 ha de SAU en bio. 100% SFP en prairies. 2 ha de blé panifiable
PLUVIOMÈTRIE
538 mm en 2022 dont 385 mm entre le 01/09 et le 31/12
MAIN D’OEUVRE
1 UTH – installé en 2020
TROUPEAUX
58 mères allaitantes et 60 génisses de race salers, 60 brebis race anglaise à viande
SYSTÈME D’ALIMENTATION
Basée sur le pâturage avec conduite différenciée pour les deux lots :
Mères suitées : pâturage ultra dynamique (2 à 4 changements/jour)
Renouvellement : pâturage tournant – 1 à 2 jours par paddock
REPÈRES ÉCONOMIQUES
Présence d’un tracteur (manutention et un peu de récolte d’herbe)
Faucheuse/faneuse/andaineur et quad
82% de pâturage dans la ration
Coût alimentaire : 63€/UGB
Coût véto : 29€/UGB
Consommation de 890 l de GNR en 2021 (700 l en 2022)