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Prix et Coûts sociétaux de l’alimentation

Accès à l’alimentation, transition agro-écologique et rémunération des producteurs

Depuis longtemps la réponse aux difficultés des ménages modestes a été le développement d’une offre alimentaire à bas prix, reposant sur de grandes enseignes de distribution. Or nous constatons l’impasse de ce modèle tant pour les producteurs que les consommateurs, une impasse que vient encore souligner l’inflation. Alors comment concilier accès à l’alimentation, transition agro-écologique et rémunération des producteurs ?

La quadrature du poireau : l’équation impossible des prix accessibles et rémunérateurs ?

Des prix plus élevés pour rémunérer les producteurs ? Des prix plus bas pour soutenir le pouvoir d’achat des consommateurs ? Aujourd’hui, à l’échelle de circuits courts locaux ou d’initiatives de solidarités alimentaires, des acteurs s’interrogent sur la construction du prix, avec le double objectif de soutenir l’agriculture locale et de rendre accessible à tous une alimentation de qualité. Nous avons posé de premiers jalons pour mieux les accompagner. Il est également nécessaire de reposer l’équation : quelle part des prix payés par les consommateurs reviennent aux agriculteurs ? Le prix constitue-t-il les revenus agricoles ?   En quoi le prix de notre alimentation est aussi le reflet de choix politiques, par le jeu des soutiens publics, des taxes et des exonérations,des régulations ? Quels sont les coûts cachés de l’alimentation ? Deux choses sont sûres : le modèle du bas-coût est une impasse pour tout le monde et il faut arrêter d’opposer les producteurs et les consommateurs !

En savoir plus :

Prix agricoles : les agriculteurs ont-ils la main ?

400 000 agriculteurs, 300 entreprises agroalimentaires (qui concentrent 80% du marché) et 4 centrales d’achats (qui concentrent 90% du marché) : le constat est fait depuis longtemps, les agriculteurs ne bénéficient pas d’un rapport de force favorable dans la négociation des prix au sein des filières. Différentes législations sont venues réguler les pratiques commerciales. La dernière, les lois Egalim 1 et 2 entendent rééquilibrer les rapports de forces et favoriser une fixation des prix “bottum up” en partant des coûts de production. Qu’en est-il dans les faits ? Seuls 8% des agriculteurs arrivent à valoriser leurs produits à des prix plus élevés en raison de leurs qualités, 92% des agriculteurs sont soumis à une guerre des prix et une course aux gros volumes : c’est le résultat d’une étude que nous avons menée avec le Basic en 2024.

En savoir plus :

  • Rapport “L’injuste prix de notre alimentation” – chapitre 1 (à paraître le 17 septembre 2024)
  • Modèle valeur/ modèle volume : deux logiques économiques de fixation des prix
  • Egalim : des ambitions enterrées 

© photo : Béa Uhart Photography

Coûts cachés, coûts sociétaux : pourquoi/comment chiffrer les impacts de notre modèle alimentaire ?

L’ensemble de notre chaîne alimentaire génère aujourd’hui d’importants impacts sur les écosystèmes et sur la santé humaine. Certains modèles de production en sont de plus lourds contributeurs et l’enjeu aujourd’hui est de réduire drastiquement ces impacts. Chiffrer ces impacts peut être un moyen de piloter les politiques publiques vers des systèmes plus durables, mais aussi débattre de la question “qui paye / doit payer pour ces impacts ?” Différentes méthodes de chiffrages existent. L’approche par les coûts cachés de la FAO évalue les manques à gagner en termes de PIB, d’autres approches donnent un prix théorique à des choses qui n’en ont pas (la disparition d’une espèce, la vie humaine…). On réunit généralement ces approches derrière le terme coûts cachés. Le BASIC chiffre à 19Mds d’euros par an les dépenses publiques actuellement engagées en France pour réparer ces dégâts et parle de “coûts sociétaux”. Réseau CIVAM contribue à ces travaux et leur mise au débat public. Quelle que soit la méthode, de nombreux impacts restent irréversibles et inestimables.

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L’alimentation comme bien commun : quels financements publics pour quel modèle alimentaire ?

Chaque année nous mettons sur la table 48 milliards d’euros pour soutenir notre système agricole et alimentaire (BASIC, 2024) – par le biais de subventions, d’achats directs et d’exonérations fiscales ou sociales. Ces soutiens ne sont pas neutres : en consolidant la rentabilité des acteurs économiques, et en fonction de leur cible et de leurs conditionnalités, ils aident à structurer le système alimentaire et à orienter son fonctionnement. Quels systèmes alimentaires soutiennent-elles ? Et comment ouvrir un grand débat public et démocratique sur l’orientation de ces fonds publics ?

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© photo : Béa Uhart Photography

Alimentation et inflation

En 2022, la France connaît la plus forte inflation sur l’alimentation depuis le début des années 1960. Lié en partie à la hausse du prix de l’énergie, elle témoigne de la lourde dépendance du secteur aux énergies fossiles et interroge la durabilité de nos modèles. Mais la crise inflationniste a aussi révélé et exacerbé la précarité alimentaire : les ménages les plus vulnérables ont été le plus fortement touchés. Y a-t-il des systèmes agricoles plus résistants à l’inflation ? La transition agro-écologiste sera-t-elle inflationniste ? Ce sont quelques-unes des questions sur lesquelles se penche aujourd’hui Réseau Civam.

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L’expérimentation coûts complets d’un repas en restauration scolaire

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