Pour des
campagnes
vivantes

Comment mieux maîtriser ses débouchés?

Certains agriculteurs, sur des exploitations de taille moyenne, ont créé des formes d’organisation collective impliquant leurs partenaires : des « filières territoriales ». Moins gourmandes en temps que les circuits courts, et plus rémunératrices que les filières longues, les filières territoriales constituent une véritable réponse pour les agriculteurs souhaitant mieux maîtriser leurs débouchés

 

Entre circuits courts et filières longues… Les « filières territoriales »

La garantie de la maîtrise de la filière par les agriculteurs, c’est d’abord leur capacité à s’unir entre eux et avec d’autres dans les questions de qualité de production. C’est également leur implication dans le suivi humain, la négociation et la contractualisation avec l’aval et l’amont, dans un souci d’intérêt général. Alors quelles conditions pour l’émergence et la réussite d’une filière territoriale ?

 

1/ S’organiser localement entre agriculteurs

Pour valoriser leurs productions et maîtriser leurs débouchés, les agriculteurs se groupent et s’impliquent dès l’émergence de la filière. Dans les cas étudiés, ils mettent en commun leurs savoirs et leurs moyens pour investir, recruter, créer un outil de commercialisation parfois en y associant l’aval. En s’unissant, les agriculteurs sont mieux représentés et retrouvent un pouvoir de décision dans la filière.

L’exemple du Moulin de Pomaïrol

« Nous avons recruté un meunier »
L’association « Moulin de Pomaïrol » rassemble une vingtaine d’agriculteurs, paysans-meuniers, paysans-boulangers et boulangers qui valorisent des blés de variétés locales, biologiques et écrasés sur meule de pierre. Animés par l’envie de produire des blés oubliés, typiques de leur territoire et nutritionnellement qualitatifs (conservation du germe par écrasement à la meule de pierre), les membres de la filière sont engagés solidairement : « des farines et du pain sains, respectueux de l’environnement et des gens ». C’est un projet ancré, autonome et militant.

2/ Construire des partenariats territoriaux de filière

Relocaliser des instances de décision à l’échelle locale permet aux agriculteurs concernés de se mobiliser autour des questions de contrats d’approvisionnement, de distribution, de marge… C’est une garantie d’échanges plus équilibrés entre des opérateurs dont les capacités professionnelles sont parfois inégales. Cela facilite l’établissement d’une relation de confiance dans la durée.

L’exemple de la coopérative Volailles Bio de l’Ouest

 « Nous avons créé un circuit de commercialisation»

La coopérative VBO est engagée dans des échanges à trois voies avec l’abattoir et le distributeur Biocoop, contribuant à la cohérence entre production et consommation. Par exemple, les trois maillons réfléchissent ensemble aux questions d’« équilibre matière », et développent de nouveaux produits pour valoriser la totalité des pièces de volailles produites – pas seulement les filets – tout en considérant les attentes des consommateurs.

« VBO a pour challenge de remettre les lettres de noblesse de la coopération. Elle veut développer la démocratie participative, être réellement sur le principe un homme, une voix. C’est une coopérative à taille humaine, où l’expression de tous les adhérents est possible. La coopérative est un moyen au service des producteurs.» Marc Pousin, Eleveur et président de VBO

 

3/ Mobiliser autour de pratiques écologiques et d’une identité de territoire

Une filière territoriale mobilise aussi des entrepreneurs, collectivités, institutions locales, mais également des associations environnementales ou des citoyens locaux. Elle a un impact positif sur les pratiques écologiques des fermes. Elle est un vecteur de cohésion sociale. En lien quasiment direct avec le consommateur final, elle est socialement essentielle pour l’agriculteur (« on sait où vont nos produits »). Pour les institutions et collectivités, elle valorise une ressource locale et culturellement partagée, spécifique au territoire et créée de l’emploi non délocalisable.

 

L’exemple de la SCIC Berry Energie Bocage 

« Nous avons investi dans une déchiqueteuse»
La SCIC a été constituée pour préserver le bocage berrichon (Pays de la Châtre et Berry St Amandois) en  valorisant le bois bocager. En effet, le bois bocager est une ressource abondante localement, utile écologiquement et qui fait partie de l’identité locale. Un bon moyen d’encourager la gestion durable de la haie. Le bois déchiqueté qu’elle produit constitue une énergie renouvelable rentable pour des chaudières de grosse capacité (réseaux de chaleurs communaux, lycées, châteaux), dont les collectivités sont les principales clientes, incitées à devenir membre de la SCIC.

Certaines municipalités montrent l’exemple par la réussite du modèle économique (investissement pour une taille optimale de bâtiments) et social (besoins des habitants du centre bourg), comme à St Plantaire. L’essaimage de l’expérience vise à mieux coordonner la demande localement en instituant un collectif de consommateurs mieux organisé (particuliers, collectivités).

 

Vous souhaitez en savoir plus ? 
Découvrir des pistes pour développer et accompagner une filière territoriale ?  
lien vers la ressource

Articles similaires

Pour une alimentation durable portée par les territoires

Tribune presse soutenue – Parce que nous mangeons tous chaque jour, l’alimentation touche chacun et chacune d’entre nous. Au coeur de nombreux enjeux, elle est porteuse de nombreuses solutions qui permettraient d’atténuer le changement climatique et de sauvegarder la biodiversité, de préserver la santé des habitants, de créer de nombreux emplois dignes et pérennes, et ainsi de renforcer la cohésion de notre société. Les territoires ont des réponses à apporter face aux enjeux actuels. Réseau Civam a soutenu cette tribune auprès de 18 autres organisations et 7 scientifiques.

Le 15 novembre 2024

Alimentation
Presse
Lettre ouverte à la ministre, Annie Genevard

Madame la Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté et de la Forêt,
A l’heure d’une crise agricole et alimentaire majeure, votre nomination vous oblige.

La France doit ré-orienter l’ensemble des politiques publiques agricoles et alimentaires, de manière cohérente et ambitieuse, en faveur de la transition agroécologique et du droit à l’alimentation.

Agriculture durable
Alimentation
Installation - Transmission
Presse
Propositions
Découvrir l’étude “L’injuste prix de notre alimentation – quels coûts pour la société et la planète ?”

L’étude “L’injuste prix de notre alimentation” porté par Le Secours Catholique, le Réseau Civam, Solidarité Paysans et la Fédération Française des Diabétiques, démontre que notre système agricole et alimentaire génère des impacts économiques, sanitaires et environnementaux dramatiques et que l’argent public qui lui est consacré n’est pas aujourd’hui alloué de manière pertinente au regard de ces enjeux. Au travers de nombreuses pistes d’action concrètes, le collectif souhaite donner à tous l’opportunité de se saisir de ce sujet vital afin de revoir dans son intégralité un contrat social aujourd’hui caduque.

Alimentation
Évènement
Sensibiliser le grand public
Sortie de l’étude “L’injuste prix de notre alimentation. Quels coûts pour la société et la planète ?”

ÉVÈNEMENT

Parce que le prix d’un produit ne dit pas tout du véritable coût de notre alimentation… Le Secours Catholique – Caritas France, Réseau Civam, Solidarité Paysan et la Fédération des diabétiques ont réalisé une vaste étude sur les coûts publics liés à notre système alimentaire. Elle s’appuie sur la méthode et le chiffrage du BASIC (cabinet d’études). Nous avons chiffré les dépenses publiques qui soutiennent notre système alimentaire, et celles qui compensent ou réparent ses impacts négatifs. Notre travail démontre qu’il n’y a pas de fatalité face aux injustices de notre système alimentaire !

Alimentation
Évènement
Sensibiliser le grand public
Déserts, marécages et bourbiers alimentaires : de quoi parle-t-on ?

Le terme a émergé dans le courant des années 1990 en Grande Bretagne et a été popularisé en Amérique du Nord au point d’être aujourd’hui utilisé sur l’ensemble des continents. Ces travaux ont fortement contribué à mettre sur la scène publique les problèmes d’inégalités d’accès à l’alimentation. Bien qu’il soit aussi critiqué, ce terme émerge aujourd’hui dans le débat public en France. Que recouvre-t-il ? Est-il adapté au contexte français ? Quelles sont ses limites et alternatives ?

Alimentation
Carav’alim : un mouvement d’éducation populaire pour le droit à l’alimentation

Depuis fin janvier s’est élancée la Carav’alim, un projet collectif de construction d’un mouvement d’éducation populaire pour le droit à l’alimentation. De la Drôme au Finistère, en passant par la Saône-et-Loire et la Haute-Garonne, la Carav’alim a fait escale ces dernières semaines en ville comme à la campagne afin de réunir celles et ceux qui œuvrent en faveur du droit à l’alimentation.

Alimentation