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campagnes
vivantes

Difficultés sur ma ferme, Solidarité Paysans et Civam m’accompagnent

Dans différents territoires, des associations Civam et de Solidarité Paysans expérimentent des pratiques visant à mieux accompagner les agriculteur·ices dans la sortie des difficultés et dans la transition vers des systèmes économes et autonomes. Que vous soyez agriculteur·ice, accompagnant.es ou soucieux·euse du sujet, découvrez les principes de ces accompagnements et écoutez le témoignage d’Anthony qui en a bénéficié.

“J’arrive très tôt sur la ferme et en repars très tard”, “J’aimerais du soutien pour prendre mes décisions”, “Avant j’aimais bien faire ma compta, aujourd’hui les papiers s’accumulent au coin du bureau, c’est pesant”.

Autant de témoignages de mal-être au travail chez des agriculteur·ices qui se retrouvent souvent isolé·es face à leurs difficultés. Animé par Réseau Civam et Solidarité Paysans, le projet Accordae (Accompagnement concerté pour réduire les difficultés par l’agriculture autonome et économe)* a rassemblé de 2021 à 2024 : 7 équipes locales Solidarité Paysans – Civam, une psychologue du travail et deux ergonomes de l’INRAE.

Des équipes pluridisciplinaires pour englober tous les aspects des crises traversées et des solutions à faire naître. Ensemble, ils et elles accompagnement de manière concertée des agriculteur·ices dans la réduction de leurs difficultés, la reconquête de leur autonomie, et, quand c’est possible et souhaité, dans leur cheminement vers des systèmes agroécologiques à bas niveaux d’intrants et de factures.

 

#Complémentarité – Intérêts et objectifs de l’accompagnement concerté

Comme le dit l’adage : “tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin”. L’accompagnement concerté a de nombreuses forces parmi lesquelles :

  • Permettre une démarche transversale en s’appuyant sur les expertises de chacune des structures en favorisant l’écoute bienveillante
  • Favoriser l’entraide entre pairs grâce aux adhérent·es et bénévoles des deux réseaux.

“Les deux associations sont complémentaires […] Solidarité Paysans ne serait pas venu, ni l’ADAGE (Civam 35), c’est garanti que la boutique serait déjà coulée […]. On a eu des bonnes discussions. Avec l’ADAGE il y a plein de gens et de systèmes différents, on s’entend bien, tout le monde discute de tout. On n’a pas peur de mettre les chiffres sur la table”. Jérémy, Éleveur laitier en Ille-et-Vilaine, accompagné suite à son appel à Solidarité Paysans

#Action – Comment accompagner les agriculteur.ices à 2 associations ?

Dans la démarche des Civam et de Solidarité Paysans, la demande de l’accompagné·e est un préalable. Il est important de la définir et de la requestionner régulièrement. La dimension humaine et de relation au travail est aussi à aborder, au delà de l’aspect technique. L’accompagnement concerté débute quand la personne a verbalisé qu’elle est accompagnée par les deux structures et qu’elle a validé un échange d’informations.

Plusieurs formes d’accompagnement, individuelles ou collectives (en groupe de paysan·nes) peuvent être mises en place par les équipes et les agriculteur·ices. Une diversité de modalités d’action est à construire au regard des problèmes à résoudre.

Par exemple :

  • Rendez-vous conjoints Civam /Solidarité Paysans (SP) /paysan.ne pour partager les informations et avancer sur la situation globale de la personne et de la ferme,
  • Rendez-vous Civam /paysan·ne ou SP/paysan·ne sur des points particuliers (juridiques, techniques…) et recadrage avec l’accompagné·e pour savoir quelles informations peuvent transiter entre les structures car cela implique, dans tous les cas, confidentialité et transparence. Une charte de confidentialité peut même être signée par les parties prenantes.

Et parce que les personnes accompagnantes ont aussi besoin de soutien dans leur démarche, des débriefs entre accompagnateur·ices sont nécessaires pour éviter leur isolement et faire avancer la situation. Confiance et connaissance de l’autre sont donc indispensables à une bonne relation de travail. Pour bien accompagner il faut aussi bien se connaître, l’étape d’interconnaissance des structures est donc primordiale et concerne :

  • le fonctionnement des deux structures (mode d’action, outils…) : mise à profit de ces outils pour privilégier un accompagnement complet et cohérent par rapport à la situation et demande,
  • les personnes accompagnantes pour faciliter les échanges et la mise en place d’accompagnements concertés en toute confiance,
  • et les deux Conseils d’Administration (niveau politique) pour pérenniser le partenariat (notamment les financements) et s’assurer qu’il n’y aura pas rupture de l’accompagnement pour les personnes qui en bénéficient.

Dans tous les cas, un accompagnement de qualité demande du temps comme le rappelle Jean-François Bouchevreau de Solidarité Paysans :

“Il faut a minima 3 ou 4 ans, le temps d’instaurer la confiance, de réfléchir, de construire des solutions, de mettre en pratique et d’analyser les premiers résultats.”

Et dans le cas d’un changement de système de production, les résultats peuvent mettre du temps à apparaître.

#Changement – Repartir autrement ?

Les Civam proposent, à la demande de l’accompagné·e, d’étudier avec lui de nouvelles pratiques et d’aller vers des systèmes de production plus économes (en intrants chimiques, en eau, en énergies fossiles…) et autonomes (dans leurs décisions, leurs ressources…). 

“L’accompagnement au changement de pratiques vers des systèmes de production économes et autonomes amène pour les agriculteurs fragilisés des améliorations en terme de mieux-être, même si cela ne se traduit pas tout de suite en terme de performance économique (…) Améliorer le bien-être au travail par le groupe (rompre l’isolement) précède souvent les progrès en termes environnementaux et économiques”. Jean-François Bouchevreau, membre fondateur de Solidarité Paysans

C’est ce qu’a décidé et mis en place Anthony sur sa ferme près de Nantes, accompagné par les Civam et Solidarité Paysans. Découvrez son histoire.

Enfin, que ce soit avant, pendant ou à la fin de la période d’accompagnement, il est bon de se poser et reposer un certain nombre de questions :

  • Quel temps avons-nous ?
  • Vers quel·les professionnel·les renvoyer l’accompagné·e si besoin (psychologue, formateur·ice, assistant·e social·e) ?

Vous pouvez les retrouver, ainsi que des retours d’expérience de terrain, dans le guide “Accompagner les agriculteur.ices en difficulté à deux associations”. En téléchargement libre sur notre page ressources, ce document explore comment se sont mis en place les accompagnements concertés dans ces territoires et en partage les enseignements.

* Pour aller plus loin sur les méthodes et la genèse du projet recherche action Accordae, lire notre article ici.

 

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