Le doryphore : cette bestiole connue et redoutée de tous ceux qui produisent des pommes de terre !
Mais savez-vous que l’insecte jaune et noir est spécifique de cette solanacée : il a un système digestif adapté à la solanine, toxine présente dans ses feuilles ; il en devient lui-même toxique et d’un goût désagréable pour les prédateurs. Les oiseaux qui tentent de le manger auraient des troubles digestifs et s’en souviendraient, se désintéressant de ces insectes dont ils reconnaissent la couleur et les rayures, du fait de l’association du goût et du visuel. Des cas ont néanmoins été observés de dindons prédateurs de doryphores, cette piste devant toutefois être confirmée.
Un des principaux moyens de lutte contre le doryphore était jusqu’en 2018 le traitement à base d’un Bt (Bacillus turingensis) spécifique. La firme qui vendait le produit à base de ce Bt (Novodor) n’a pas renouvelé sa demande d’homologation. Le produit a vu son autorisation expirer fin 2018. Les derniers stocks ont été écoulés en 2019. Actuellement, il est possible de lutter avec des produits à base de spinosad (Success 4 par exemple), mais leur utilisation n’est pas sans soulever des interrogations du fait du spectre très large de cette substance. Nombreux sont ceux qui préfèrent les ramassages manuels au seau, bien qu’ils doivent être répétés souvent.
Des techniques d’automatisation de ramassages sont en développement partout dans le monde
Il existe par exemple des aspirateurs géants derrière les tracteurs (Québec) ou des balais rotatifs fouettant le feuillage. C’est cette dernière idée qui a séduit les maraîchers diversifiés sur petites surfaces des Hautes Alpes et a motivé Bertille Gieu (conseillère Civam Agribio 05) à développer un prototype avec l’Atelier Paysan et Toutomarto.
Le principe est le suivant : l’agriculteur pousse un chariot porteur, une perceuse électrique fait tourner 2 balais. Les balais fouettent du bas vers le haut le feuillage de pommes de terre et projettent ainsi les doryphores dans un bac de récupération attaché de l’autre côté de la ligne de pommes de terre. Pour la confection d’un prototype basé sur des vidéos amateurs d’Europe de l’Est, Bertille s’est entourée de ferronniers. En décembre dernier, une formation a été organisée avec 10 maraîchers et maraîchères pour auto-construire des landoryforts. A la fin de la session, chaque maraîcher a pu repartir avec son propre landoryfort !
Article de Bertille Gieu, Civam Agribio 05.
Extrait de la Lettre de l’Agriculture Durable n°96 (avril-mai-juin 2021).
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