Fermoscopie – Alain Davy
Alain Davy est installé à Pointel dans l’Orne (61)
Polyculteur- éleveur, il a en complément de ses cultures une activité bovine laitière ainsi qu’une activité de bovin viande.
Il souhaite continuer à faire évoluer son système actuel vers toujours plus de durabilité et et améliorer ses conditions de travail

SAU : 98.6 ha dont 30 ha de prairies de fauche (route départementale) – Nombre d’UTH : 1.5
Sol : Argilo-limoneux (60%), Limono-schisteux (40%) – Pluviométrie : 820 mm
Cultures :
- Maïs grain
- Prairie permanente
- Prairies temporaires graminées-légumineuses
- Triticale
Objectifs :
- Améliorer sa valeur ajoutée
- Assurer l’autonomie alimentaire
- Optimiser la gestion de l’azote
- Réduire ses coûts de production
Parcours
Qu’est-ce qui t’a amené à produire économe ? Suite à une réunion d’information et de sensibilisation aux problèmes de
pollutions sur mon bassin versant, organisée en 2005 par le syndicat d’eau intercommunal et l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, la FRCivam de Basse-Normandie a proposé d’accompagner un groupe d’une dizaine d’agriculteurs dans une réflexion sur l’évolution de nos systèmes. Les pesticides retrouvés dans les eaux de la station de pompage m’ont fait réfléchir quant à mes pratiques culturales. En engageant mon système vers plus d’autonomie et d’économie d’intrants, je souhaitais mieux vivre de mon métier, en ayant bonne conscience environnementale et contribuant à la préservation de la qualité de l’eau.
Comment t’y es-tu pris ? Le groupe d’échanges et de formation constitué et animé par la FRCivam m’a permis d’analyser mon système d’exploitation et d’élaborer des pistes d’évolutions à partir des réflexions collectives émanant du groupe et d’un diagnostic de changement de système. Au cours des années suivantes, nous avons cultivé nos connaissances sur différentes thématiques comme la construction et la conduite d’un système herbager, la vie et le fonctionnement du sol, l’élevage des génisses… Et puis, il y a eu deux échanges amiables successifs d’une surface de 12 ha, qui m’ont permis de restructurer mon parcellaire et d’accroître ma surface accessible au pâturage pour atteindre un total de 45 ha. Sans oublier la réduction progressive des achats de concentrés puisque l’herbe me fournit un fourrage équilibré (RGA-Fétuque élevée-TB pour la pâture et luzerne-fétuque élevée pour la fauche) et que je valorise une grosse partie de mes cultures en auto-consommation (maïs épi et triticale).
Qu’est-ce qui a été le plus compliqué ? Accepter une baisse de production laitière par vache durant les premières années… Très vite compensée par les économies d’intrants générées et un changement de système, qui se sont traduits par une augmentation de mon EBE !
Qu’est-ce qui a été le plus simple ? Fermer le silo et lâcher les vaches à la pâture sans se soucier de quoi que ce soit : simplification dans la ration et dans le travail !
Si c’était à refaire ? Je repartirais de la même manière, en groupe. Il a clairement contribué à la dynamique de changement et sans aller trop vite pour bien prendre le temps d’apprivoiser les changements. Mon seul regret : ne pas avoir commencé plus tôt.
De quoi es-tu le plus fier ? De l’efficacité économique de mon exploitation. Certes, je fais moins de produit qu’avant mais en face j’ai beaucoup moins de charges et un EBE qui s’est nettement amélioré. Tout cela en étant autonome à 100 % !!!
Et demain ? Je souhaite maintenir le système actuel avec du renouveau pour améliorer mes conditions de travail et ne pas tomber dans la routine. Passer mon salarié, actuellement à mi-temps, à plein temps, ce qui permettra de travailler les 3 piliers, à savoir l’environnement, l’économique et le social au travers de l’évolution de mon système !
Les systèmes de culture de l’exploitation
Quatre systèmes de culture sont mis en œuvre sur l’exploitation. Les prairies occupent une place importante dans l’ensemble des système de cultures. Les parcelles les plus proches (SdC 3 et 4) sont essentiellement destinées au pâturage, l’objectif est de faire « vieillir » ces prairies au maximum en recourant au sur-semis si besoin. Les SdC 1 et 2 ne sont pas accessibles au pâturage, ils servent à constituer les stocks (ensilage, enrubannage, foin).
Maîtrise de l’alimentation azotée des cultures
Afin d’améliorer l’alimentation en azote de ses cultures sans recourir aux engrais minéraux, Alain Davy mobilise une combinaison de leviers agronomiques au sein de son système de culture. En jouant sur la composition de la rotation (légumineuses, résidus), Alain cherche à augmenter le stock de matière organique. Sa minéralisation est favorisée par un entretien de la structure et de l’équilibre acido-basique du sol. Les apports d’effluents sont positionnés de manière à ce que leur valorisation par la végétation soit optimale.
Elevage
Résultats techniques (moyenne 2011 à 2014)
- Volume produit = 302 175 L
- Nb de vaches = 55
- Production par vache = 5 530 L
- Coût concentrés = 16 € /1000 L
- Coût fourrager = 60 € /1000 L
- Coût alimentaire = 76 € /1000 L
- Coût vétérinaire = 4 € /1000 L
Reproduction
Vêlages toute l’année : 1 période de pointe en mai-juin pour faire du lait d’été (bien payé en AOC bio) et un lot en septembre.
Les génisses vêlent entre 2,5 et 3 ans.
65 % de réussite en 1ère IA.
Système fourrager
- Période de pâturage : 15/02 au 1/12.
- Pas de fourrage distribué en année « normale » entre le 1er avril et le 15 novembre.
- Si l’année est séchante : 5 kg MS d’enrubannage/ VL pendant un mois.
- Pâturage tournant sur 45 ha accessibles.
- 1 à 2 kg de maïs épi ou triticale pour complémenter le pâturage.
- Ration hivernale : 2.5 à 3 kg MS /VL de maïs épi et, en fonction des récoltes, environ 2/3 d’enrubanage – 1/3 de foin.
- Stockage du maïs épi en enrubannage.
« Plus il y a du foin, plus il y a du TP (taux protéique). »
« Généralement, sur les parcelles de fauche, la 1ère et la 4ème coupes sont faites en enrubannage, la 2ème et 3ème en foin. »
Comment Alain a amélioré ses résultats économiques, avec un système pâturant
Découvrez au travers de cette vidéo son témoignage et sa démarche. Un zoom pédagogique présente en quoi les choix réalisés ont permis d’améliorer son Excédent Brut d’Exploitation (EBE).