Qu’est-ce qui vous a amenés à produire économe ?
Stéphane : ” On n’avait pas le choix. Quand je me suis installé en 1995, on savait qu’on avait 387 000 L de quota, c’est tout. Et avec ça il fallait qu’on vive à deux. On avait pas envie de faire de hors-sol, il fallait faire avec ce qu’on avait. On a donc adapté les charges au produit qu’on pouvait dégager.”
Comment vous y êtes-vous pris ?
Jean-Michel : “Au départ, on a participé à des visites de fermes en système économe organisées par le GEDA. C’était des gars qui présentaient leurs résultats économiques. Ils nous avaient parlé d’EBE, personne ne savait ce que ça voulait dire. En revenant à la maison, j’ai ouvert ma comptabilité pour regarder ce que c’était. Conclusion : Peut mieux faire ! ”
Stéphane : “C’était pas satisfaisant comme système fourrager. Grâce aux sécheresses, on s’est rendu compte que le système était fragile. On aurait pu partir sur du maïs irrigué pour sécuriser, mais on avait des terres hyper-portantes autour des bâtiments qui convenaient bien pour le pâturage.”
Jean-Michel : ” On a construit notre système en allant chercher des idées à droite à gauche mais on l’a fait tout seul quand même. On peut se faire aider mais après on ne peut jamais transposer un modèle en l’état.”
Qu’est-ce qui était le plus compliqué ?
Jean- Michel : ” Notre première appréhension, c’était de faire traverser une route aux vaches. Finalement, ça a été vite réglé. Après il y a eu plein de petites appréhensions : allonger la durée de pâturage, mettre du trèfle dans les prairies, choisir les bonnes variétés de ray-grass, gérer les chardons… Mais, au fur à mesure, ça passe…”
Stéphane : “Les chemins aussi, c’était compliqué. Les prairies portaient mais le chemin était défoncé, les vaches se salissaient en revenant. On a amélioré les chemins, maintenant on a des pistes de karting, c’est plus un problème ! Au départ, il y avait plein de choses à caler : l’eau, les barrières… ”
Qu’est-ce qui était le plus simple ?
Jean-Michel : “Le plus simple ? Diminuer les concentrés aux vaches ! Ça, ça été très simple et du jour au lendemain. Je me rappellerai toujours : en 1990 on a eu une sécheresse sévère : une montagne de concentrés pour produire du lait. J’ai regardé la compta et je me suis dit que le premier poste à réduire c’était celui là. Et l’effet a été immédiat !”
Stéphane : “Sur la trésorerie, ça s’est vu tout de suite.”
Si c’était à refaire ?
Stéphane : ” La même chose ! ”
Jean-Michel : “Pareil ! ”
De quoi êtes-vous les plus fiers ?
Stéphane : “On a atteint nos objectifs. On a réussi à aller où on voulait aller. On produit quelque chose de correct, c’est bien. On est bien.”
Jean-Michel : “On s’est posé, on a réfléchi, on s’est fixé des objectifs et on les a atteints. Il y a eu des hauts et des bas, mais on s’est tenu à la ligne qu’on avait choisie.”
Et demain ?
Jean-Michel : ” On va améliorer encore ce qu’on a, mais on va rester stable en effectif et en hectares.”
Stéphane : “On peut encore améliorer le système. Pas vraiment au niveau du coût alimentaire, mais plutôt au niveau de la santé du troupeau. Notamment par le croisement avec des Rouges suédoises pour récupérer de la rusticité et limiter la consanguinité dans notre troupeau de Prim Holstein. On peut encore améliorer le pâturage tournant sur les génisses aussi. On a demandé au comptable si on pouvait investir dans deux ou trois rouleaux de fil. Il a dit oui, ça ne devrait pas nous coûter trop cher !”
Cinq systèmes de culture sont mis en œuvre sur l’exploitation. La proportion et le type de prairie dans les rotations varient en fonction de la proximité des bâtiments d’élevage. Les parcelles les plus proches (SdC 1) sont essentiellement destinées au pâturage, les plus éloignées sont utilisées pour constituer les stocks (ensilage, enrubannage, foin) et faire pâturer les génisses et vaches taries.
L’objectif est d’obtenir une parcelle quasi exempte d’adventices avant la couverture du rang par la culture afin de ne pas impacter le rendement. Le binage revient à 10 €/ha et les traitements à 35 €/ha, soit un coût inférieur de 30 % à celui d’un désherbage en « tout chimique » et un IFT réduit de 60 % par rapport à la référence régionale.
Les performances du système de culture ont été évaluées avec la méthode MASC 2 ®, les indicateurs ont été calculés à l’aide de l’outil Criter ®.