A l’échelle du Grand Ouest, l’étude comparative des résultats économiques 2021 des fermes pâturantes CIVAM et la moyenne des fermes laitières RICA (Réseau d’Information Comptable Agricole) met en évidence deux stratégies économiques différentes : produire de la richesse pour rémunérer du travail ou produire du volume et capitaliser. Dans un contexte de réduction de la transmission des fermes, les systèmes pâturants offrent une voie d’avenir de par leur durabilité économique, sociale et environnementale.
Les fermes Civam, plus durables et attractives
Sur les 2,5 millions d’agriculteurs.trices en 1955, ils ne sont plus que 496 000 aujourd’hui d’après le recensement agricole de 2020.
La transmission des fermes est un enjeu majeur au maintien de l’agriculture et du tissu social rural. On estime que 3 fermes sur 10 ne sont pas reprises (moyenne de 2015 à aujourd’hui) alors que 43% des agriculteurs.trices ont plus de 55 ans et sont susceptibles de partir à la retraite dans les 10 années à venir.
Pourtant de nombreux éleveurs et éleveuses installés.es en systèmes pâturants témoignent de leur plaisir au travail et nous racontent pourquoi ils ont choisi de s’installer en systèmes pâturants. Certains pour être leur propre patron, d’autres pour alimenter la population locale, préserver l’environnement, retrouver du sens dans leur travail et avoir du temps libre.
Stratégie « volume » des fermes RICA : une stratégie de capitalisation pilotée par le prix du lait
Les fermes RICA se caractérisent par une production laitière importante reposant sur une consommation élevée d’intrants. Leurs coûts de production sont ainsi plus élevés que des fermes en système pâturant avec notamment un coût alimentaire moyen supérieur de 70 €/1000L de lait produit. Les fermes reposant sur cette stratégie « volume » ont une gestion court-termiste avec l’adaptation de leurs charges en fonction du prix du lait : les charges sont comprimées si le prix du lait diminue et repartent à la hausse si le prix du lait augmente. Cette stratégie, qui caractérise la ferme laitière moyenne du Grand Ouest, repose sur des investissements importants en équipements matériels et bâtiments pour produire. Cette capitalisation spécialise les fermes et accentue la problématique de leur transmission.
Stratégie « valeur ajoutée » des fermes Civam : une alternative créatrice de richesse et d’emplois
La stratégie « valeur ajoutée », économe et autonome par le pâturage, sur laquelle repose les systèmes laitiers Civam, leur permet de créer plus de richesse en utilisant moins d’intrants** et de moyens de production. Avec une quantité de lait vendue plus réduite, une ferme CIVAM non bio dégage en moyenne autant de revenu que la moyenne RICA. Ce sont des fermes plus rémunératrices que les fermes du RICA, avec 100 € de Résultat Social*** en plus par hectare et qui participent à la dynamique de leur territoire avec 4 actifs agricoles en plus pour 10 km².
« De nombreux voyants économiques, démographiques, écologiques, climatiques, etc, nous alertent sur nos modes de production et de consommation. A ces facteurs tangibles et quantifiables, viennent se greffer des aspirations et choix personnels pour redonner du sens, de la cohérence et de la dignité à ses propres finalités professionnelles (temps et qualité de travail, échanges sociaux, dynamique socio-culturelle autour de son lieu de vie, etc). Entrevoir des orientations techniques où nos ruminants, petits et grands, vont vivre et se nourrir majoritairement, dans leur cadre de vie prédestiné à savoir les pâturages, offre sans doute la meilleure des garanties de robustesse et de résistance pour affronter les bouleversements majeurs qui s’ouvrent à nous.D’aucuns, de la recherche scientifique aux acteurs économiques de la filière laitière, en passant par les éleveurs sans oublier le citoyen-consomm’acteur, s’accordent sur les multifonctionnalités et aménités du pâturage. Poursuivons intelligemment et collégialement dans cette direction noble et éclairée! »
Mickaël LEPAGE, Eleveur en Mayenne (53), et membre du Réseau Civam
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*Systèmes pâturants de l’étude : systèmes de production économe et autonome qui valorisent au maximum l’herbe pâturée : maïs dans la surface fourragère < 20 %, 191 jours en moyenne de ration 100 % pâturage.
**Réduction des charges : 2 fois moins de concentrés pour nourrir les animaux, 57 € de coût alimentaire en moins aux 1000 L, et par hectare : 45 % d’économies sur le coût des cultures et 223 € de coût de mécanisation en moins.
***Résultat social : il mesure le résultat permettant de : 1. Rémunérer tout le travail, exploitant et salarié (rémunérations et cotisations sociales) ; 2. Assurer la santé financière de l’exploitation (réduire l’endettement).
Les CIVAM en bref
Les CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) sont des groupes d’agricultrices, d’agriculteurs et de ruraux qui travaillent de manière collective à la transition agro-écologique. Les CIVAM constituent un réseau de près de 130 associations et qui oeuvrent depuis 60 ans pour des campagnes vivantes. Ils agissent pour une agriculture plus économe et autonome, une alimentation relocalisée au coeur des territoires et des politiques agricoles, pour l’accueil de nouvelles populations et pour la préservation des ressources.
Leur mission : animer et accompagner les projets collectifs et durables qui contribuent à dynamiser le tissu socio-économique rural. Ils développent des initiatives, testent de nouvelles pratiques et proposent des méthodes d’actions basées sur la transmission des expériences de terrain, l’apprentissage entre pairs et la coopération à l’échelle locale et nationale.
Contact presse
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