Pour des
campagnes
vivantes

Lettre ouverte à la ministre, Annie Genevard

Madame la Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté et de la Forêt,
A l’heure d’une crise agricole et alimentaire majeure, votre nomination vous oblige.

La France doit ré-orienter l’ensemble des politiques publiques agricoles et alimentaires, de manière cohérente et ambitieuse, en faveur de la transition agroécologique et du droit à l’alimentation.

Accompagner le développement de modèles agricole durables

Pour assurer la nécessaire transition agroécologique, il est essentiel et stratégique de soutenir le développement d’une agriculture autonome (sobre en intrants), économe (affranchie du surendettement), redonnant une place prépondérante à la biodiversité, préservant les ressources, soucieuse du bien-être des paysans et paysannes dans leur travail et du bien-être animal et produisant une alimentation de qualité, accessible à tous. Cette transition nécessitera l’accompagnement à l’installation de paysannes et paysans nombreux sur des systèmes durables, ainsi que l’accompagnement à la transmission des fermes. Pour le réseau des Civam, c’est l’assurance de proposer de véritables réponses globales et de long terme aux défis actuels.

Le réseau des Civam, engagé sur le terrain depuis plus de 60 ans auprès des agriculteurs et agricultrices mais aussi des citoyens et citoyennes, défend ainsi des solutions concrètes : polyculture-élevage, autonomie, économie, circuits courts, filières territoriales, accompagnement à la transmission, activités de diversification, place des femmes en agriculture…Pour autant, cette agriculture ne se décrète pas : pour émerger et se diffuser, elle doit être accompagnée et soutenue par les pouvoirs publics.

Aujourd’hui différentes politiques publiques concourent à modeler notre système agricole et alimentaire : la façon dont nous produisons et nous mangeons, nos paysages ruraux, l’appareil industriel qui permet de transformer notre nourriture, nos exportations et importations, etc. Or ces politiques publiques sont en manque de boussole sociale et environnementale. En manque de coordination, elles tirent parfois dans des directions opposées. Les politiques agricoles en particulier, héritières de l’effort de production d’après guerre, ne sont plus adaptées aux enjeux actuels. Un nouveau contrat social doit être rebâti autour de notre agriculture et de notre alimentation.

> Retrouvez nos propositions de mesures pour la transition agroécologique
> Retrouvez nos contributions et recommandations pour le renouvellement des actifs agricoles

 

Bien évaluer les effets de l’argent public pour une vision cohérente de l’action publique et relever le défi d’une transformation de notre système agricole et alimentaire,

Alors que le gouvernement s’efforce de réaliser des économies, il est important de rappeler que la puissance publique dépense plus de 19 milliards d’euros chaque année pour réparer et compenser, de manière malheureusement très imparfaite, les effets néfastes de notre système alimentaire actuel. Ces coûts sont bien réels et pèsent lourdement sur les finances publiques : 3,4 milliards pour les impacts sociaux et écologiques, 12,3 milliards pour les conséquences sanitaires.

À cela s’ajoutent les 48 milliards d’euros consacrés au fonctionnement de notre système alimentaire. Cet effort collectif souligne l’importance sociale de l’alimentation, et prouve que nous avons les moyens d’agir. Les choix publics structurent le paysage agricole, les industries aval et l’environnement alimentaire. Or 80 % de ces fonds alimentent un modèle productiviste basé sur la course aux volumes et la pression sur les prix, générant des conséquences écologiques, sociales et sanitaires désastreuses.

Le rapport « L’injuste prix de notre alimentation », écrit par le Secours Catholique Caritas France, le Réseau Civam, Solidarité Paysan et la Fédération française des Diabétiques met en lumière l’incohérence de ces dépenses publiques. D’une part, la collectivité tente de réparer les dommages causés ; d’autre part, elle continue de soutenir les mécanismes à l’origine de ces mêmes préjudices.

> Rapport « L’injuste prix de notre alimentation »,à retrouver ici 


Changer de cap  pour un système agricole et alimentaire durable

Dans cette période budgétaire contrainte, une vision cohérente et maîtrisée de l’action publique implique d’évaluer les effets environnementaux et sociaux de chaque euro de soutien public, pour garantir que ces fonds soient utilisés au service d’une véritable transition agricole et alimentaire.

  • Il est essentiel de massifier le soutien à l’agroécologie, et d’encourager des dispositifs d’installation et de transmission agricoles innovants.
  • Nous appelons pour cela à une refonte du pilotage des politiques alimentaires et agricoles, autour d’une loi-cadre sur le droit à l’alimentation issue d’une démarche de co-élaboration démocratique.
  • Dans le prolongement, nous demandons un pilotage interministériel, davantage de compétences alimentaires pour les collectivités et l’ouverture des instances agricoles à la société.

Ces actions, loin d’être des dépenses, représentent des investissements pour l’avenir.

 

 

A propos des CIVAM

Les CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) sont des groupes d’agriculteurs, d’agricultrices et d’acteurs du monde rural qui travaillent ensemble à la transition agro-écologique. Il s’inscrivent également dans des dynamiques collectives et citoyennes (réseaux InPACT, Collectif Nourrir, , Sécurité Sociale de l’Alimentation…. ). Les Civam constituent un réseau de près de 130 associations et qui œuvrent depuis 60 ans pour des campagnes vivantes. www.civam.org

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Lettre ouverte, 05/12/2024

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