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Velages groupés d’automne : de multiples atouts à bien penser

La première motivation du passage en vêlages groupés, c’est la réorganisation et l’allègement du travail. Guillaume Houitte est installé depuis 2008 à Langouët, en Ille-et-Vilaine. À partir de 2014, il oriente son élevage laitier vers un système herbager. En tout herbe depuis 2020, l’élevage compte 55 vaches laitières sur 60 ha. Depuis quelques années, Guillaume est passé en vêlages groupés d’automne, avec des mises-bas de mi-septembre à début décembre. Depuis 2 ans, le tarissement estival lui permet de fermer la salle de traite pendant 2 mois. Témoignage.

Le pâturage hivernal est favorisé.
Cela permet de booster la production laitière au moment du pic de lactation.
© Anaïs Fourest

Les vêlages groupés : une autre organisation du travail

La première motivation du passage en vêlages groupés était la réorganisation et l’allègement du travail. « Grouper les vêlages me permet de m’organiser plus facilement : il y a la période des vêlages, puis de l’insémination, et je peux travailler en lots : pour l’écornage, le sevrage… ».

Avoir une saisonnalité marquée dans son élevage limite la démultiplication des tâches à accomplir chaque jour. Cela permet également de limiter l’astreinte à certaines périodes. Fin avril-début mai, lorsque la production baisse, le troupeau passe en monotraite, libérant du temps au moment des fauches.

« Fin juillet, vient la période du tarissement : je ferme la salle de traite.
Ça permet de faire une vraie pause, et c’est appréciable. »

Grouper ses vêlages, une stratégie gagnante face au changement climatique

Pour fermer la salle de traite cet été, des veaux croisés ont été élevés sous les vaches vides afin de les maintenir en lactation longue. © Gabrielle Le Borgne

Au-delà de la motivation travail, le changement climatique, et l’étiage fourrager estival est de plus en plus marqué a été déterminant dans ce choix de groupement des vêlages à l’automne.

« Cela permet d’avoir des animaux moins productifs et donc à plus faibles besoins au moment des pics de chaleurs, à une période où l’herbe se raréfie et perd en qualité. »

La ferme se trouve sur des terres profondes peu séchantes, mais la pousse de l’herbe ralentit de plus en plus tôt dans la saison. Guillaume observe un avancement d’un mois par rapport à son installation il y a 15 ans. Il a commencé à adapter la composition des prairies en intégrant des espèces plus résistantes à la sécheresse.

  • Pour le pâturage : fétuque élevée, plantain et luzelle se mélangent au RGA/TB.
  • Pour la fauche : fétuque élevée, dactyle et brome sont privilégiés.« La graminée qu’on voit encore bien verte c’est la fétuque, ce qui commence à griller c’est le RGA. »

Des intérêts pour le troupeau

La saisonnalité des stades physiologiques du troupeau limite le stress thermique des animaux. En été, lors des épisodes caniculaires, les vaches peuvent rester à la pâture, à l’ombre des haies que Guillaume a replantées au fil des années, et leur besoin en eau est réduit du fait qu’elles soient taries.

Un intérêt de la pratique trop souvent oublié selon Guillaume : le vide sanitaire que cela permet. Pendant les deux mois de tarissement, bâtiments et salle de traite sont vides. « Cela a beaucoup amélioré les problèmes de dermatite. »

Une ration hivernale à repenser

SURFACES
.60 ha de SAU tout en herbe dont 15 ha prairies naturelles
.73 ares accessibles / VL
TROUPEAUX
.55 VL (dont 9 nourrices avant sevrage)
.Races (croisements) : Normandes, Brunes, Jersiaises, Prim’Holstein
.6 génisses croisées Parthenaises de 3 ans à l’engraissement
MAIN D’OEUVRE
.1 UTH
PRODUCTION
.260 000 litres vendus

Si les besoins en fourrage sont limités en période estivale, ils sont au plus haut en hiver. En vêlages groupés d’automne, il est important de produire des stocks de qualité. Ici la ration hivernale repose essentiellement sur de l’enrubannage.

Plusieurs types d’enrubannage plus ou moins fibreux permettent d’assurer une ration équilibrée. Par ailleurs, le pâturage hivernal est privilégié et la période en ration 100% stock limitée au maximum. A l’hiver 2022-2023, elle n’a duré que 40 jours.

Ce complément d’herbe pâturée permet de maintenir un bon niveau de production laitière de l’ordre de 18-19 kg/VL/jour, contre 15-16 kg en ration 100% enrubannage.

Les inséminations, pratique clé de la stratégie

Si la période d’insémination hivernale limite les risques de raté, l’objectif de groupement strict n’est pas si facile à atteindre. « Les inséminations sont regroupées de décembre à fin février. Si certaines ne prennent pas rapidement elles peuvent finir par louper le coche. » De fait, cette année, 5 vaches se sont retrouvées vides et s’est alors posée la question de leur devenir au moment de la fermeture de la salle de traite.

« Il n’était pas envisageable de la laisser ouverte pour 5 vaches. J’ai donc acheté 11 veaux à des collègues, pour les maintenir en lactation longue », explique l’éleveur. Les 11 veaux ont été élevés sous les 5 vaches de mi-juin à fin septembre et seront vendus en veaux de boucherie au moment de la réouverture de la salle de traite.

 

Pour aller plus loin,  Voir la fiche “Grouper mes vêlages” du CEDAPA

Vêlages groupés : d’autres paysans témoignent

Fabien Gauvrit, en Vendée, groupe 100% des vêlages sur sept-oct depuis 4 ans et ferme sa salle de traite en fin d’été
(1 actif, 45 VL, 240 000 L) :

« J’ai un besoin physiologique de faire une pause. Avoir une seule période de vêlages, ça fait du bien. Après il faut s’adapter à sa région. Grouper au printemps c’est difficile car la chaleur est trop forte pour assurer la reproduction. J’ai des sols hyper séchants, parfois tout est cuit début mai, et nourrir au stock ça coûte cher ! Et ce serait compliqué pour redémarrer en lait après l’été. Dans mon système, mes animaux ont de faibles besoins l’été. Je fais pâturer de l’herbe épiée au fil avant pour avoir un chargement instantané important (2 UGB/are/jr). Les vaches en début de lactation valorisent très bien l’herbe d’automne, plus riche en azote (donc je tamponne avec du foin fibreux). Ça me convient très bien, je ne ferai pas marche arrière. Quand je regarde l’herbe à l’année, il y a toujours 6,5 à 7 tMS tous les ans, mais c’est plus la façon de s’étaler qui change, ce qu’il y a pas au printemps, il y aura à l’automne. On n’a pas des variations du tout au rien comme avec le maïs ensilage. Faut être serein, positif ! »

Boris Souarn, en Chalosse dans les Landes, groupe 100% de ses vêlages de septembre à décembre depuis 5 ans
(3 actifs, 80 VL à 6500 L/VL) :

« Les vêlages groupés d’automne, c’est ce qu’il y a de mieux chez nous, car l’été c’est crâmé mais il y a une bonne reprise de la pousse de l’herbe en sept-oct. Avec le maïs présent dans les élevages, il y a la possibilité de pâturer des dérobées Ray Gras/trèfle l’hiver. On profite de la pousse printanière pour maintenir la lactation sans compléments. L’été les vaches ont moins de besoin : du pâturage de millet/trèfle, de stocks sur pied de 50-60 jours et du foin. Ma crainte ce sont les fortes chaleurs pour les gestantes qui souffrent un peu. Je trouve le travail moins contraignant avec la période calme estivale. Ça me permet d’avoir plus de temps pour moi et la famille. Il y a le pic de travail à l’automne avec les vêlages et les semis, mais en travaillant à plusieurs je le vis bien ! »

 

Un article issu de la LAD n°106
Rédigé par Gabrielle Le Borgne, ADAGE 35 et Romain Dieulot, Réseau Civam.

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